Des études montrent que les fonctionnaires ayant travaillé dans cet ancien immeuble administratif nantais, détruit en 2005, décèdent six ans plus tôt que les autres. En cause: l'exposition à l'amiante.
Des salariés ou ex-agents du Tripode découvrent, ce lundi 11 octobre, les résultats de la dernière étude de mortalité concernant tous ceux qui ont travaillé dans cet immeuble amianté de Nantes. Détruit en 2005, il accueillait 1 800 agents de l'Insee, du Trésor public et du ministère des Affaires étrangères, sur l'île Beaulieu.
Que dit l'étude? Que les salariés du Tripode meurent en moyenne six ans plus tôt que leurs collègues des administrations de l'Ouest (le comparatif s'est fait sur les fonctionnaires des impôts).
Depuis des années, l'intersyndicale du Tripode se bat pour exiger le classement de cet immeuble en site amianté, ce qui permettrait à l'ensemble des agents, qui y ont travaillé, de partir plus tôt à la retraite. Ce matin encore, certains d'entre-eux se sont retrouvés, avec leur banderole, devant l'antenne nantaise du ministère des Affaires étrangères, dans le quartier du Breil, à Nantes.
« Inévitablement, ça trotte dans la tête. C’est comme une menace larvée. On a beau être positif dans la vie, être pour l’heure en bonne santé, ça interpelle. » Joëlle Gilet, 60 ans, adjoint administratif à l’état civil, a été exposée à l’amiante de 1976 à 1993 au sein de l’immeuble Tripode Beaulieu, à Nantes. Une étude placée sous l’égide de la Haute autorité de santé et de l’Institut national de veille sanitaire révèle que les agents de l’État, exposés à l’amiante dans le bâtiment Tripode Beaulieu, meurent en moyenne 6 ans plus tôt que des fonctionnaires non exposés.
Pour mémoire, 1 800 agents de l’Insee, du Trésor public, du ministère des Affaires étrangères, ainsi que les personnels du restaurant interadministratif, sont concernés.
Fonctionnelle dès 1972, la tour Tripode, farcie de 350 tonnes d’amiante, a été évacuée de ses occupants en 1993 et démolie en 2005.
L’intersyndicale amiante du Tripode Beaulieu (CGT-CFDT-FO-Solidaires-Asam-UNSA) exige la reconnaissante immédiate du Tripode en site amianté au bénéfice de tous ses occupants.« C’est une question de dignité, et cela permettra une meilleure prise en compte des maladies professionnelles et l’accès à la pré-retraite amiante pour les derniers agents encore actifs »,énonce Francis Judas, qui a été employé sur le site pour le compte de l’Insee de 1997 jusqu’à la date d’évacuation des lieux.
Une trentaine d'agents souffrant de pathologies liées à l'amiante ont été reconnues en maladie professionnelle. « Mais certains, accablés par la maladie, sont morts en silence, isolés. »
Parallèlement, 176 agents Tripode ont engagé une procédure visant à faire reconnaître un préjudice d’anxiété. En août, 126 personnes ont saisi le tribunal administratif de Nantes sur cette question.
Yan Gauchar / Presse Océan